Jacqueline du Pré est morte seule à l’âge de 42 ans des suites d’une sclérose en plaques, dans son appartement de Londres. Quelques semaines avant son décès, sa famille fut alertée qu’il ne lui restait que peu de temps à vivre, mais personne ne viendra à son chevet. Quant à ses amis mondains, ils se déplaceront tous, mais seulement à son enterrement. La fin de cette violoncelliste de génie est à l’image de sa vie, de la vie : tragique et violente. Avec The Cellist – La Violoncelliste – Cathy Marston nous raconte avec grâce l’histoire d’une carrière avortée et d’une vie brisée par le sort et par les autres.
Un mauvais sort impossible à conjurer
A 28 ans, Jacqueline a tout : l’argent, le succès, l’amour et la chance de vivre de sa passion. Pourtant du jour au lendemain, ses mains semblent lui jouer des tours. Elle n’arrive plus à jouer correctement et ne sent bientôt plus les cordes de l’instrument. Le diagnostic tombe : la jeune britannique qui électrise les salles de concert de Londres est atteinte d’une maladie neurologique dégénérescente : la sclérose en plaques. C’est la fin de sa carrière, et le début d’un long calvaire.
Pendant 14 ans, Jacqueline vit un véritable cauchemar. Clouée sur une chaise roulante, sans possibilité de bouger ou de jouer de son instrument, elle reste des heures à regarder dans le vide, immobile et muette. Elle reçoit la visite régulière d’une poignée d’amis, notamment John Williams, et passe le reste de son temps avec son mari, le pianiste et chef d’orchestre Daniel Barenboim. Sa famille ne lui rendra que très rarement visite et sera absente à la toute fin, voyant dans la maladie de Jacqueline le résultat d’une punition divine pour avoir renié la religion catholique.
Un ballet magistral et bouleversant
Le ballet de la ROH est chorégraphié par Cathy Marston, qui a fait un gros travail en amont sur la vie de Jacqueline du Pré en contactant ses proches et dont la mère est elle-même atteinte de la sclérose en plaques. Jacqueline et son mari Daniel sont interprétés par les deux danseurs principaux du Royal Ballet : Lauren Cuthbertson et Matthew Ball. Mention spéciale pour Marcelino Sambé qui personnifie le violon avec un talent et une maitrise exceptionnels.
Jacqueline du Pré a commencé sa carrière à l’âge de 16 ans au Wigmore Hall de Londres. Elle se fait remarquer en jouant des sonates de Brahms, Debussy, Handel et Falla, mais c’est son interprétation de Concerto pour un violencelle d’Elgar qui la rendra internationalement célèbre. Elle est décorée de l’ordre de l’Empire britannique et meurt en 1987, après 14 ans de souffrance physique et mentale. En raison de la crise sanitaire, la ROH a mis en ligne gratuitement l’intégralité du spectacle, que vous pouvez visionner ci-dessous.